En ayant le courage de tenter l’impossible dans la création, un remaniement psychique peut opérer, comme la tentative de vouloir cerner de plus en plus une énigme, un manque inexplicable qui taraude. Il est a faire de sa vie un remodelage, une récréation pour une recréation d’une vie à considérer à l’égal d’une œuvre en élaboration.
Je propose d’inverser la norme, l’œuvre n’est pas dans l’objet mais dans ce qu’elle contient d’invisible et pourtant là : la richesse de la vie créative d’une personne.
La création qui s’ouvre à l’inconnu, à l’inattendu est au cœur de ma recherche actuelle. Pas de projet ni de but à atteindre, pas de production ni de « faire-faire », la création repose sur rien, c’est un inconnu à venir. Elle est déjà un décalage du déjà trop connu. La création est à la fois issue de rien et à la fois un condensé de toute son histoire dans une temporalité autre, c’est en cela que je rejoins le concept d’éphémère de J.-P. Royol comme mouvement psychique.
Comme si l’enjeu de création d’une œuvre était également l’enjeu de sa propre création, l’enjeu d’une nouvelle identité du créateur. La re-trouvaille de son Je, « de trouver le moyen de ne plus être passif et dépendant mais de se sentir créateur ». (Pierre Emmanuel)