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L’imaginaire pourrait-il favoriser le sommeil ? Quelle place pour l’imaginaire dans le monde de l’im


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Le texte qui suit n’est qu’une proposition, un point de vu toujours en mouvement, élaboré à partir de mes différentes recherches. Tous compléments de votre part ne pourra qu’enrichir et élargir ma vision du sujet.

La ville de Nemours nous a sollicité pour intervenir auprès des jeunes adultes à l’occasion du forum forme santé jeunes du 7 février prochain dont la préoccupation centrale est le manque de sommeil à l’adolescence. Avec la question de savoir ce que l’art-thérapie peut apporter à un adolescent en manque de sommeil ou /et devenu insomniaque.

L’art-thérapie a pour vocation d’impulser la créativité afin de faire appel à l’imaginaire. Pour répondre à cet appel, nous avons essayé d’élargir la fonction de l’imaginaire avec deux questions :


L’imaginaire pourrait-il favoriser le sommeil ?

Quelle place pour l’imaginaire des adolescents dans le monde de l’image et des écrans ?

On a peut-être tendance à minimiser le passage de l’enfant au jeune adulte, un moment de changements importants autant psychiques que physiques, sans oublier les conflits familiaux, la pression scolaire, les questionnements, les difficultés voir la peur que peut engendrer l’idée de devoir se trouver sa voie en dehors du cocon familiale et dans un monde en pleine mutation. C’est une période où le jeune adulte quitte son corps d’enfant, où il quitte le monde du jeux pour rentrer dans la réalité, où on lui demande de se prendre en charge, de se responsabiliser, il doit apprendre la « procès-dure  » et la compétition. D’où la nécessité pour lui de se trouver des moments de créativité. De se permettre un voyage imaginaire dans le lâcher-prise et l’apaisement psychique qu’il permet.


De nombreuses inquiétudes voir de souffrances psychiques dues à cette période transitoire génèrent des paroles « non dites » et inconscientes qui ne trouvent pas toujours de mots. L’adolescent peut se trouver parfois dans l’impossibilité de décrire ce qui se passe pour lui, entre un indicible lié à l’agitation des pulsions et de l’autre côté se trouvant confronté à un impossible, une interrogation face la non réponse parentale sur ce qui lui arrive. Pour Philippe Lacadée, c’est ça qui vient faire trou et là « on peut parler de troumatisme de l’adolescence ». Une ou des souffrances restées en suspend peuvent amener l’adolescent à être angoissé, agressif, à se replier sur lui, voir apparaître une phobie scolaire, engendrer une fatigue chronique et en ce qui nous concerne ici, provoquer de l’insomnie.


Freud soulignait déjà l’importance de la plongée régressive que permet le sommeil comme une « position de repos, de chaleur et de mise à l’écart de l’excitation », une régression à la position passive rappelant « une reviviscence du séjour dans le corps maternel » (1). Et c’est cette démarche qui semble entravée dans l’endormissement de l’adolescent par un trop plein d’angoisses ou d’écrans voilant peut-être la réalité de ce qui se cache derrière l’angoisse.

« Ce qui ne veut pas dire que l’adolescence soit une maladie mais que chacun doit inventer sa réponse ou comme le disait Rimbaud trouver une langue soit sa langue ou sa façon de parler » dit Philippe Lacadée dans un entretien de Elise Clément. Si ces difficultés voir ces souffrances ne trouvent pas un lieu pour être déposées, inscrites, exprimées par un moyen ou un autre, un autre langage propre à chaque un, elles peuvent trouvées une voie d’échappatoire parfois plus extrême.


C’est à cet endroit que l’art-thérapie peut être un atout indéniable car elle propose un entre-deux permettant à l’adolescent un temps de respiration pour se retrouver lui dans ce qu’il a à se dire, de déposer dans son propre langage ce qui n’a pas de mots.



Quelle place pour l’imaginaire dans le monde de l’image et des écrans ?

L’image et les écrans sont omniprésents et ne facilitent pas un recentrage sur soi, à son propre imaginaire. Des images impressionnantes de technologies et de réalisme. Très séduisantes, difficile de s’en passer d’une certaine façon… ? Un processus qui attire le sujet davantage à être spectateur plutôt qu’acteur de sa vie, certes, mais qui lui subtilise tout son potentiel créatif et de réflexion, d’autonomisation quant à ses désirs profonds personnels dans la vie. Les écrans peuvent être une des sources qui attirent l’adolescent uniquement vers « l’extérieur » sans possibilité d’un retour à soi, processus pourtant indispensable à un équilibre psychique.

Des écrans présents dans les mains des adolescents, pour certains jusqu’à très tard le soir, ne favorisent pas leur sommeil ni leur imaginaire tant ils peuvent être absorbés dans des mondes qui ont déjà été inventés pour eux.


Sans oublier qu’être privé de sommeil c’est être privé de rêver. Le rêve est une autre source de l’imaginaire, se priver de sommeil ferme une porte à ce processus naturel permettant d’apaiser, de soulager des impossibilités de métaboliser des difficultés ou épreuves vécues dans ce passage délicat de l’adolescence.

C’est ici que l’art-thérapie apporte sa contribution pour proposer aux jeunes adultes un temps de déconnection pour se reconnecter à eux en réinjectant de l’imaginaire, en stimulant la créativité singulière de chacun. Un temps qu’ils peuvent consacrer à leur monde intérieur qui promet un voyage imaginaire propice à pallier à ce manque de sommeil et de rêves.


Cependant, retrouver un vagabondage imaginaire n’est pas chose facile dans une société où la rationalité prime. C’est pourquoi l’art-thérapie propose un temps pour laisser place au hors-sens, à la créativité pure à condition qu’elle soit débarrassée de tous clivages, aprioris, jugements, techniques ou savoir-faires et que soit mis au premier rend la relation et l’écoute singulière de l’art-thérapeute au jeune, dans sa capacité à accueillir sans s’immiscer, ce qui est a même de se symboliser à travers la créativité du sujet et ce qui se dit parfois de l’ordre de l’inconscient.


Faire appel à la créativité c’est faire appel à un langage privé, un autre moyen d’expression, celui qui appartient à chacun pour exprimer quelque chose autrement que par le langage conventionnel qui lui n’y parvient pas toujours.

Le jeune adulte peut ainsi se raconter dans l’intimité de sa création. Exprimer ce qu’il veut ou pas, ou ce dont il n’a pas conscience lui permettant d’apaiser un certain nombre d’affects devenus anxiogènes voir pathogènes.


Là où l’insomnie est devenue symptôme, l’art-thérapie propose de réinjecter du rêve en inventant d’autres possibilités, en bousculant le conventionnel, en sortant un instant du sillon parfois trop bien tracé.




Recherches d'après les travaux de Agnès Rogelet, Jean-Pierre Royol, S. Freud, P. Lacadée et du dictionnaire de Roland Chemama et de Bernard Vandermersch

1. Dollander, Marianne, et Audrey Lenoir. « Insomnie et régression à la position passive : approche exploratoire », Psychologie clinique et projective, vol. 9, no. 1, 2003, pp. 285-311.






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