top of page

Addiction aux écrans ?


Mme F., maman de E. me demande inquiète :« Ma fille ne dort plus, pouvez-vous l'aider à ne plus être toujours sur les écrans ? »

Peut-on parler d'une forme d'addiction aux écrans ?

Si je tente cette hypothèse :

Peut-être ne faut-il pas se mettre les écrans « à dos » mais en faire un allié utilisé de façon créative et à bon escient.

Passer du temps sur internet ou au téléphone n'est pas forcément pathologique, il peut le devenir si, comme E., ses activités virtuelles deviennent ses seuls centres d'intérêts. Lorsque, privé de son outil, l'on remarque chez l'adolescent de l'irritabilité ou de l'agressivité, lorsqu'il se néglige, ne mange plus, lorsque la fatigue, les maux de tête, les douleurs dans la nuque se font trop présentes. Lorsque le lien social est rompu, qu'il n'y a plus d'envie de s'investir scolairement et affectivement avec un sentiment de vide.


Souvent mal à l'aise avec lui-même, l'adolescent trouve un échappatoire par l'écran afin d'éviter la confrontation à des personnes ou des situations anxiogènes, à des traumas ou des non-dits de longue date. Fuite à l'idée de la confrontation avec la réalité et à la relation aux autres. Évitement à une vie psychique qui fait mal. Les jeux de rôle virtuels peuvent donner l'illusion à l'enfant d'être un autre, plus assuré, moins timide pendant cette période identitaire difficile. L'exemple du film Ready Player One (2018) pourrait illustrer cette image.


Dans les jeux et les activités virtuelles, l'adolescent pense avoir recours à son imaginaire mais c'est une illusion qui lui fait croire à la toute puissance. Des jeux et des rôles formatés, un cadre imaginé par le concepteur du jeux mais qui ne donnent pas possibilité d'échappatoire imaginaire pour l'adolescent. Le superhéro peut donner l'illusion de maîtriser la situation contrairement à ce qui se passe réellement dans la réalité dans le lien social. De fait, la personne croît contrôler son imaginaire alors que ces pratiques répétitives les réduisent considérablement à son insu. L'illusion du remplissage d'un vide angoissant par l'utilisation du portable ne permet pas de faire face au manque pour devenir adulte.


Théâtre d'objets comme échappatoire

Le jeu (marionnettes ou théâtre d'objets) prend alors tout son sens en favorisant le lâcher-prise, la relation, le regard et l’écoute de l'autre, en étant dans l'instant présent.

Une mise en scène d'objets (destinés au rebut ou à la récupération) imaginée peut favoriser d’autant plus une distance. Une façon différente de regarder, en fixant et en scrutant l’objet dans ses détails et de façon décalée de son utilisation quotidienne, en étant attentif à sa matière, à son volume, aux sensations qu’il procure au toucher ou à l’odorat. Un dialogue imaginaire entre dehors et dedans peut émerger et favoriser le jeu dans une autre dimension de la réalité : « on aurait dit que…», voyage dans la dimension imaginaire singulière de l'enfant ou l'adulte.







Posts Récents