Témoignage : art-thérapie et souffrance au travail
Mme B, salariée dans une entreprise de communication, à bien voulu nous confier son témoignage sur ce qu'elle a vécu pendant et après ses séances d'art-thérapie :
« Ici on m'accepte comme je suis, je souffle de ne plus avoir le jugement des autres. Je suis entendue et vue différemment, d'une façon décalée et parfois surprenante. On m'accueille comme je suis avec mes inventions qui paraissent n'avoir aucun sens. Alors je me détache du regard des autres et je m'aperçois, que des échanges humains sont possibles, que mon avis compte, que le problème ne vient pas de moi, que le contexte du travail conditionne inconsciemment. C'est comme prendre du recul. Aujourd'hui au bureau, je prends avec plus de légèreté les situations ou les paroles qui ne me respectent pas ou qui m'ignorent.
Dans ma progression créative, je suis moi et j'ai fini par croire en moi en dehors de ce que les autres pensent de moi. C'est comme une reconstruction, une autre façon de voir les choses. Ici je suis libre, je sais pas pourquoi, ça fait du bien, je peux aller très lentement, je m'amuse avec ce temps pendant lequel il ne se passe pas rien. Je peux alors m'écouter et je prends ce moment comme un privilège. Ce que je produis n'est pas analysé, au fil des séances je prends alors beaucoup plus de liberté dans ma créativité. J'ai compris que l'aboutissement de ce que je fais en art-thérapie n'est pas le plus important, c'est plutôt pendant que je bricole que me viennent des pensées qui, d'une séance à l'autre, m'aident à comprendre mon histoire et à me comprendre moi-même. Des séances régulières m'ont permis de défaire des nœuds enfouis depuis ma plus jeune enfance, des nons-dits, des incompréhensions qui ont fini par prendre un peu plus de sens. Avoir pu les exprimer m'enlève un poids, c'est plus clair pour moi.
Je ne pensais pas que ces épisodes de ma vie reviendraient sur le tapis ! J'ai pris du recul par rapport à cela. Une prise de conscience qui m'a permis de prendre de l'assurance, de m'affirmer. Je suis beaucoup plus à l'aise pour parler et défendre mes projets en entreprise, j'ai moins peur des autres, je prends les obstacles avec plus de hauteur ».
Ce témoignage permet de se rendre compte que l'art-thérapie est une mise en mouvement à la fois de l’esprit et du corps. Une mise en mouvement sur « l’insu », sur ce qui ne se savait pas mais qui était déjà là, c’est-à-dire l’inconscient. Les productions deviennent progressivement support de communication et d’échange, dépôt d'un certains nombre d'affects. Un indicible sources de mal-être, de dérangements ou de souffrances, enfin identifié et nommé, la création permet de donner une forme concrète à des sentiments confus.
